Culture
Exposition Supernature à l’Hôtel Jules & Jim
L’Hôtel Jules & Jim accueille régulièrement des expositions d’art, l’année dernière, je vous parlais des oeuvres photographiques de Gail Albert Halaban, aujourd’hui, c’est le photographe François Fontaine qui nous emmène avec lui dans un safari imaginaire, au travers des 18 images de l’exposition Supernature.
Prises avec un appareil Leica analogique à partir de documentaires animaliers, ces 18 photographies semblent émaner d’un rêve d’enfant à demi éveillé. Chromatiques et oniriques.
Après plus de trente ans de voyages à travers la planète, l’artiste revient explorer les fantasmes qui ont inspiré son inlassable recherche de beauté et d’exotisme. Guidé avant tout par son émotion, il capte la part d’imaginaire qui se cache dans les plis de la réalité et de ses images. Avec les années, il met au point une technique de prise de vue qui donne à ses silhouettes le flou des souvenirs et des pensées vagabondes, et à ses photographies une texture picturale.
Nina Bouraoui, romancière française, a été invitée par l’Hôtel Jules & Jim à accompagner de ses mots le travail de l’artiste:
AMOUR NATUREL
« J’ai peur des Animaux, mais j’ai besoin d’eux. Ils sont la chair et le sang, ma force et mon espérance. Je fabrique des armes pour les combattre et me nourrir. Du soleil à la nuit, je mène ma guerre, mesurant à chaque fois ma puissance et mes fragilités. Nous sommes de la même terre, violente. Sans le savoir encore nous tissons notre lien, partageant les orages, les ténèbres et parfois les accalmies. Il m’arrive de les dessiner sur la pierre pour raconter notre histoire : nous sommes frères de sauvagerie.
Je construis des murailles, bâtis des cités, des capitales. Je règne désormais sur la nature dont je tire profit. Mon intelligence sert mes intérêts, les machines me protègent, je suis devenu un homme moderne qui a vaincu ses démons. Je ne crains ni l’obscurité ni les Animaux que je domine, exploite, transforme. Je me crois libre, affranchi, courant toujours plus vite vers les lumières de l’avenir, oubliant mon territoire primitif. Ma conquête technologique est supérieure à la conquête du cœur, j’ai perdu une part de moi, ma solitude est souvent grande.
C’est en songe que mes frères sauvages surgissent et me ramènent au feu et au sel de ma terre. Songe multicolore et flou, sublime et irréel, où l’attente succède à l’élan, le silence à la fureur, le désir au repos, l’aube au crépuscule. Songe poétique et amoureux que je déroule comme un ruban dans le vent. Je redeviens l’enfant nu qui contemple : la force et la beauté de ceux qui ne sont plus mes proies, mais les témoins qui restituent ma part manquante – moi, l’animal humain. »
Hôtel Jules & Jim 11, rue des Gravilliers 75003 Paris
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